Articles

Affichage des articles du novembre, 2021

Le Loir et Le Raton

Après une dure journée de labeur, un raton laveur rentre dans son immeuble, et s’apprête à ouvrir, comme d’habitude, sa porte d’entrée, impatient de se faire un petit quelque chose à manger.  Le voisin, un grand loir qui passe juste à côté, salue d’un geste amical le raton-laveur tout en grimpant nonchalamment les escaliers.  Le raton-laveur le salue en retour, puis se retourne vers sa porte : malheureusement, le raton-laveur était bien loin d’imaginer que de nouvelles mésaventures viendraient, après cette journée, de nouveau le contrarier.  Un coup de clé ne suffit plus, la porte est bloquée.  Le raton-laveur réessaie, mais rien n’y fait.  Le loir qui, déjà sur son palier, s’apprête à rentrer, se retourne d’un coup, curieux de cette manifeste frustration chez son voisin le raton.  “Que se passe-t-il ?” Demande-t-il, toujours aussi cordial et subtil.  “Ma porte est bloquée” miaule le raton, “et ce n’est pas faute d’avoir essayé. La clé n’est sans doute plus bonne, et cela

Où avais-je la tête ?

I l était une fois quelqu’un dont la tête, plus précisément, l’esprit, était séparé du corps. Ce n’était pas évident de se déplacer avec un tel désavantage : Aucun médecin ne savait dire de quels maux pouvait bien souffrir cet homme, car impossible de situer la douleur. Si celle-ci était palpable par le corps physique, elle n’apparaissait en aucun cas en parole dans la bouche de l’homme. Et inversement : Si un désir ou un besoin était verbalisé par l’homme, son corps quant à lui restait figé. Quand le cœur de l’homme était brisé, il lui fallait retourner chez le médecin comme on irait chez le garagiste pour réparer celui-ci : Aussitôt dit, aussitôt fait. L’esprit de cet homme et le corps de cet homme vivaient ainsi indépendamment l’un de l’autre, le terrain de l’un n’empiétant jamais réellement sur le terrain de l’autre. L’esprit se destinait à des opérations mentales plus complexes, ou encore à quelques élans du cœur et du désir. Le corps, quant à lui, se traînait pour