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L'écrivain du dictionnaire

Présentateur : “ Bienvenue à cette très franche émission littéraire qui concernera aujourd’hui les mots. Vous restez cois ? C’est normal ! S’agissant d’un domaine aussi large et précis à la fois, beaucoup le reste. Mais notre invité surprise, lui, a décidé d’y faire face. Je vous présente, le premier homme à avoir inventé et écrit le dictionnaire. Bienvenu monsieur Jean-Pierre Mémaux. " J.P Mémaux : “Bonjour. Je vais aujourd’hui vous parler de mon histoire.” Présentateur : Attendez ! Nos auditeurs attendent plus de… J.P Mémaux : “Tout a commencé un fameux matin de janvier… Il faisait froid, mais ce silence régnait bien plus fort encore dans le clan familial. Je suis issu d’une fratrie très nombreuse, nous étions 7, donc peu de temps pour s’occuper des enfants. Mon père passait un temps fou près de la cheminée à faire des mots croisés, à défaut d’en faire usage. Ma mère quant à elle, préférait s’occuper d’informations, que ce soit à la télévision ou dans les journaux,

(trans)Maître des mots

 Les choix sont des rêves déguisés en espoir Ton sourire noir déguise le regard du soir Des spectres hermétiques sans soif ni mouroir Tes choix sont des trêves de désespoir Le sourire miroir, des mots s'effacent à hauteur de mon chemin,  Ainsi, dès lors que je me tais, le faux devient vrai, l'armure que je m'étais bâti disparait,  Les choix sont des rêves déguisés en guerriers,  Tandis que la délibération prolifère,  Qu'aucune pensée ne sait mes actes faire taire  Je griffonne ces hermétiques paroles comme danseraient des spectres lunatiques En miroir, douce musique, environne mon esprit, calme et fantastique,  Biscornue et pathétique,  Le rythme hante mon cœur et cette batterie me fait peur, dans la stupeur,  je ne vois plus l'heure, je jongle avec les mots mais ceux-ci sonnent faux,  Pourtant c'était si beau...    Ces choix, ces choix, qui ne sont que des rêves déguisés en parloirs.

"Quiproquos"

 Je désire ton lointain, je désire ton absence, près de moi ton souffle m’écrase et envahit mon essence, Je te désire absent, je te désire au-delà du touché, je ne te désire point, je te désire loin. Va-t-en ! Ton amour me dégoûte, et de ton odeur je redoute. J’aime quand tu t’en vas, ton absence me manque et ta présence me tourmente. Viens plus près que je te rejette encore, pour que je puisse moi décider de te toucher, je te veux loin, Je veux te voir fuir, je veux te voir courir, je veux te voir accourir et de moi jouir de te fuir. Retire-toi encore et encore - que je puisse apprécier la douceur de chacun de tes silences, rythme bien, rythme en moi tes allers et viens, Ton amour comme une image onirique, ton retour comme une triste fin tacite, Je me veux rougir de ton impudence, je te veux subir mes décadences, je veux que tu te troubles comme un morceau de brouillard dans la nuit, une ombre aux formes infinies, je te veux pour moi toute seule, libre alors de former ce qui de toi me

Désirs et illusions

Le temps passe et il ne reste plus que quelques photos accrochées au mur. Mes idées ne croisent pas le réel dès lors qu’elles restent dans ma tête : désillusion. Le temps passe à vive allure et je n’ai plus le temps de manger, de lire, ou de fumer ; désillusion. Le temps s’accroche à ma peau et je n’ai plus le temps de rêver : désillusion. Le temps passe et je reste las, accablée par la lassitude, succombante de vicissitudes, surplombée de solitude : désillusion. 20 ans : l’âge supposé de l’indépendance, fin des vantardises et début de l’action, ancrage dans la vie active. Désillusions. Vais-je perdre cette lueur d’espoir et de naïveté relative à mon statut d’indépendance matérielle ? Vais-je perdre mes rêves d’enfant et la liberté de mon imaginaire ? Liberté relative ; je ne vois plus du même œil les transactions humaines. Ma grâce enfantine se perd dans de douces paroles derrières lesquelles se logent sans cesse des sous-entendus ; la naïveté n’a plus de place au sein de la certitude

Sans foi ni loi, sans toit ni mois

 Impossible, mon amour ! L'impensable de ton retour,  l'impossible de notre amour,  l'impassible de nos ébats. Il n’y a plus de mirages possible, il y a juste toi, puis moi. Il y a toi puis moi, qui ne peuvent échapper au pouvoir des mots Il n’y a plus de passages ostensibles ni même de routes invisibles Seulement des éclats de voix indivisibles et des paroles invincibles Mon corps garde la mémoire d’une pluie d’orage qui ruissèle Une sombre histoire de dialogues boiteux qui m’ensorcellent La quête de sens barricade nos idées, et comme aliénés, On s’échoue au bord d’un rêve sans foi ni loi, ni toit, ni mois. Il n’y a plus de mirages possible, ni même de routes invisibles Ce soir le sens s’est échoué, laissant avec lui quelques pensées Je cueille alors du creux de mes lèvres quelques de tes baisers Mes yeux se ferment comme pour se cacher de ton regard acéré Alors, on s’échoue au bord d’un rêve obscur, sans contour ni bordure Tes lèvres s’enfument, et les miennes ne peuvent

" C'est juste une expression ! "

 «  C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase … Comme si j’avais besoin de ça en ce moment. » « Qui est la goutte d’eau ? Qui est le vase ? » « Ben… Le vase c’sont mes affects. Et la goutte d’eau c’est, ben… La situation, si vous voulez  » « Et où vous situez-vous parmi ce vase et cette goutte d’eau ? » « Moi je suis la table. Solide, droite, j’essaye de porter tout ce merdier sur mon dos, tant bien que mal. » « La situation vous dépasse. Vous avez beau être solide, il en faut peu pour que tout dégouline sur vous, si j’ai bien compris. » « C’est peut-être pas une goutte d’eau, en fait… Peut-être qu’il pleut, sur ce vase. Ceci expliquant cela. Il me semble que je devrais pouvoir faire meilleur usage de ce vase. Soit en l’écartant de toute humidité, ce qui est, admettons-le, utopique… Soit en y changeant régulièrement l’eau des fleurs. » « Vous n’avez pas abordé les fleurs. N’est-ce pas là la fonction originaire du vase ? » « Justement. Les fleurs ont besoin d’eau. Je me focalise d

L'Écrivain et la Page Blanche

Il était une fois un écrivain. L’écrivain en question qui, comme à son habitude s’affalait sur son bureau pour écrire, passait un temps fou à combattre les silences, les pages blanches, les heures tournantes, l’ennui, et encore et surtout, le vide. Une fois le rituel terminé, l’écrivain, soulagé de sa peinture de mots sur toile blanche, allait se coucher avec le sentiment du devoir accompli et d’une existence pas complètement inutile. La journée lui crachait ses éclats lumineux à la figure et l’empêchait de penser, tandis que la nuit lui soufflait de sa pénombre lugubre toute l’inspiration dont il avait besoin. Une nuit, ce fut la page blanche qui s’invita chez l’écrivain. Surpris de ce curieux phénomène, l’écrivain décida d’ignorer une fois de plus cette page blanche et s’acharna comme à son habitude à aligner les mots - sans succès, cette fois-ci. La page persistait et persistait encore de sa robe blanche, ç’en était aliénant pour l’écrivain pour qui la certitude était insupportable.

L'asymétrie du miroir

C’est l’histoire de l’image d’une image d’une image, à l’intérieur même d’une image, elle-même coincée dans une image. Vous voyez le tableau où vous voulez que je vous fasse un dessin ? Le dessin lui-même ne suffirait à représenter avec exactitude ce que j’ai saisi ce jour-là. En voyant l’image de ce garçon incapable d’associer son reflet propre à son image, je fus moi-même saisie d’un tas d’images, dont celle-ci. Les images ne sont pas plates, elles se construisent avec des mots et ces mots eux-mêmes se complexifient dès lors qu’ils chantent. Des mots qui chantent ou qui se brodent, des mots qui s’intensifient à la lumière des sentiments, des actes qui deviennent vrais dès lors qu’ils sont mimés. En bref, ce jour-là, j’ai entraperçu une image dans une image. Ce garçon face au miroir osait à peine se regarder. Il chantait et n’avait tout bonnement pas conscience de comment il chantait, et surtout de comment il apparaissait lorsqu’il chantait. Face au miroir, il entrevoyait l’image d’u