Le Loir et Le Raton
Après
une dure journée de labeur, un raton laveur rentre dans son immeuble,
et s’apprête à ouvrir, comme d’habitude, sa porte d’entrée, impatient de
se faire un petit quelque chose à manger.
Le voisin, un grand loir qui
passe juste à côté, salue d’un geste amical le raton-laveur tout en
grimpant nonchalamment les escaliers.
Le raton-laveur le salue en
retour, puis se retourne vers sa porte : malheureusement, le
raton-laveur était bien loin d’imaginer que de nouvelles mésaventures
viendraient, après cette journée, de nouveau le contrarier.
Un coup de
clé ne suffit plus, la porte est bloquée.
Le raton-laveur réessaie, mais
rien n’y fait.
Le loir qui, déjà sur son palier, s’apprête à rentrer,
se retourne d’un coup, curieux de cette manifeste frustration chez son
voisin le raton.
“Que se passe-t-il ?” Demande-t-il, toujours aussi
cordial et subtil.
“Ma porte est bloquée” miaule le raton, “et ce n’est
pas faute d’avoir essayé. La clé n’est sans doute plus bonne, et cela
fut longtemps qu’il me fallait la changer ; me voilà bien déconcerté.”
Le loir, toujours prêt à aider, s’approche du raton, de ce pas qui
caractérise sa si grande agilité : “Donne-moi tes clés, je vais à mon
tour m’y essayer… ”
Les deux voisins mutuellement constatent que la porte reste intacte - l’histoire débute peut-être sur cet entracte.
Les deux voisins mutuellement constatent que la porte reste intacte - l’histoire débute peut-être sur cet entracte.
Cette lourde impasse fait taire les habitudes, les deux voisins
comprennent qu’il leur faut ce coup-ci faut user de leurs aptitudes.
Deux
rôles sont attribués sans qu’ils soient suggérés, le raton va et
vient dans l’escalier et se met à élaborer, tandis que l’ami le loir
descend au rez-de-chaussé, cherchant dans le noir un double des clés.
Le
raton se fabrique des stratégies susceptibles de répondre à cette
tragédie : circonspect, il emprunte à différents domaines des bouts de
métal de part et d’autre de l’immeuble formant à ses yeux l’angle
parfait.
De l’autre côté, le loir est simple et pragmatique, il
s’aventure dans quelques rubriques et trouve enfin le bon trousseau de
clé qui, il l’espère, suffira à ce que chacun rentre enfin chez soi.
Les deux voisins se retrouvent de nouveau au même endroit.
Le
loir tend au raton la clé, le regarde d’un air satisfait, et lui chante
à peu près ce couplet : “Problème résolu, plus d’ennui à se faire, mon
vieil ami ! J’ai là sur moi de quoi répondre à ton désarroi.” Le raton,
déçu de sa trop laborieuse exploration, est désireux à son tour de faire
valoir sa création.
Il tend l’objet de ses multiples réflexions : “Les
abords de la clé ne sont pas droits, c’est une esquisse ou un substrat,
mais voilà aussi sûrement de quoi, nous laisser à chacun la liberté de
rentrer chez soi.”
Des démonstrations de fierté ne suffisent à prouver
l’efficacité d’une clé : il faut maintenant voir qui des deux voisins
répondent le mieux à un besoin.
La première clé, celle qui s’était si
facilement trouvée, ouvre la porte sans aucune difficulté.
La seconde
clé, celle qui fut si durement travaillée, ouvre la porte non sans
quelque complexité.
Après s’être souhaité une bonne soirée, le loir et
le raton se saluent de nouveau sur le palier, étonné d’un si long soir
passé à s’entraider.
Le
raton-laveur, malgré l’heure, observe d’un peu plus près cette curieuse
et nouvelle clé : elle ne suffirait, par ses diverses entrées, à
n’être destinée à la réalisation d’une seule et même volonté.
Le raton
confère à l’objet de nouvelles possibilités, à nouveau illuminé par
l’induction de cette création.
Voici alors que de nombreux placards et
commodes s’ouvrent, eux aussi, bourrés d’affaires qui jusque-là n’ont pas
servies.
Bien d’autres nouvelles idées face à cette incommode agilité à
tout penser ont resurgi dans la nuit, laissant le raton bien instruit.
Le loir, quant à lui, plonge chez lui dans l’oubli de la nuit, ne songeant plus à son ami, davantage soucieux de son lit que des rêveries que celui-ci induit.
Le loir, quant à lui, plonge chez lui dans l’oubli de la nuit, ne songeant plus à son ami, davantage soucieux de son lit que des rêveries que celui-ci induit.
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