Les recoins cachés du langage ?

Et si je porte la vérité à l’intérieur de moi, que je l’a sais ma vérité, mais que cette vérité dont il est question n’est pas accessible aux autres ? Quelles sont les formes de partage possible ?

... Et si on transposait ce concept ailleurs, comme j’aime à le faire, ces temps-ci ?

Chercher la gloire, c’est crier dans le vide. Chercher la gloire, le sommet, c’est faire de la lèche à la solitude.
Ainsi Parlait Zarathoustra : “Au plus mon arbre s’élève, au plus mes racines s’enfoncent dans la terre.”  L’Homme selon Zarathoustra est comparable à un arbre. Plus il s’élève, plus il connait les profondeurs obscures et abjectes de cette fameuse solitude, et là-haut, il ne pourrait que mépriser les autres arbres, qui, à leur tour, cherchent à s'élever. Il ne pourra se faire entendre ; si mon but est de me faire entendre, alors je ne devrais pas chercher les sommets.

Voici une interprétation de cette métaphore : Si je souhaite lutter contre la pensée à sens unique et favoriser un échange, je dois agir en conséquence ; il s'agit donc d'adapter la forme pour que le fond soit entendable. Ici, la forme, ce serait la juste hauteur de l'arbre, et le fond, ce serait l'égalité avec ses congénères.

Avant de parler de transposition, il me faut avant toute chose parler de retranscription. La première retranscription que l’on connait et que l’on apprend en tant que petit Homme, c’est le langage : D’abord, le langage des cris et des gestes; le langage archaïque des affects nécessaire à la survie. C’est un langage primitif guidé par la dépendance du petit Homme à ses nourriciers. S’en suit - et c’est celui que je préfère - celui des mots. Les mots sont d’abord ceux du quotidien, du matériel, du visible, du perceptible. Petit Homme apprend le partage, et pour cela, il apprend ce qu'il est commun de percevoir. Puis, ce sont les concepts. Le langage conceptuel s’articule par le langage primitif, tant celui de l'affect, que celui du perceptible : Et ici, puisque nous parlons du langage conceptuel, nous parlons en ce sens d’une première transposition, autrement dit, le monde symbolique. C’est l’une des plus grande capacité de l’Homme que d’associer ce qu'il ressent et perçoit d'extérieur à lui, à ce qu'il ressent et perçoit d'intérieur à lui : la mémoire occupe ici une place centrale dans ce mécanisme

La transposition en ce sens, plus tard, ce n'est plus seulement l’association. La transposition peut partir tout aussi bien, en grandissant, dans un sens comme dans un autre : Du sujet à l’objet, et de l’objet au sujet. Plus tard encore, cette distinction ne s’opère plus : Le sujet est l’objet, et l’objet est le sujet. 

Un nouveau langage intéressant intervient alors : Il s’agit du langage artistique comme vecteur du langage verbal. Le langage artistique a traversé bien des chemins pour en arriver à une place telle, cette place alternative, là où les mots rebutent et ne suffisent plus, là où le lien à l’autre est rompu. Le langage de l’art intervient, c’est un fond plus chaotique dissimulé sous la forme d'un néo-langage attendrissant, parlant, parfois commun; le langage de l’art, c’est une rencontre profonde d'affects entre un créateur et un auditeur. Cette forme à son tour joue en toute connaissance de cause sur nos cinq sens selon les besoins et les préférences.

On ne comprend pas ce type de rencontre - entre un créateur et un spectateur - alors on dira que “les goûts et les couleurs ne se discutent pas”. C’est faux : Les goûts et les couleurs se discutent avec des larmes, avec des cris d’impatience, avec des rires, avec de la nausée, avec du dégoût. Le langage de l’art, c’est un monde intelligible que l’on peut sentir, toucher, goûter, voir, écouter - et non ressentir, sentir, percevoir, entendre. Ce n’est plus un monde d’apparence, puisque c’est un monde qui se joue de l’apparence pour signifier son idée. C’est un langage, et il ne fait pas seulement transparaitre.

En ce sens, l’artiste est un intellectuel qui explore les profondeurs du chaos pour communiquer à l'aide de concepts, de biais, de métaphores...

Mais si ce langage s’articule, comme pour la théorie pure, selon une conviction, une grande conviction qui ne laisse aucune autre entrer ? Pourra-t-on toujours discuter les goûts et les couleurs ? L'étiquette du créateur artistique peut-elle dissimuler celui qui se positionne en parole de l'évangile ? Jusqu'où s'arrête la possibilité de l'échange ?

À chacun sa vérité ; à condition qu'elle soit partageable d'un côté, ou entendable de l'autre. Si la vérité est un relativisme, la vérité serait ce sens est un concept qui se transmet par le commun.

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