Subjectivisme
Je pense à cette chose à la fois merveilleuse et déconcertante : L’altruisme. Imaginez quelqu’un d’entièrement dévoué aux autres, quelqu’un qui existe pour l’autre, par l’autre, quelqu’un qui n’existerait qu’en se détachant de son être.
Cependant, je pense aussi bien souvent à cette phrase : “Il n’existe pas de bonne action désintéressée.”
Nulle action telle qu'elle soit n’est désintéressée.
Alors, toute action est intérêt. C'est fantastique, non ?
J’imagine maintenant, une personne en profonde souffrance de la misère du monde, pleurant les larmes que d’autres ne verseront pas, abjurant les peines que mon voisin n'a pu déverser, conjurant le sort des maudits, s’éprenant ainsi des joies du monde comme des silences. Notre altruiste, déversera pour seuls mots ceux que d’autres lui glisseront sous le pas de sa porte…
Revenons sur l’intérêt. N’est-il pas à double tranchant, cet intérêt ? Faut-il bannir celui qui s’intéresse et s’interroge ? Le désintéressé, n’est-il pas en d’autres termes intéressant ? Alors, j’existe bien pour connaître l’autre, et pour connaître l’autre, il me faudra en passer par ma personne en devenir. En proie aux lois naturelle de ma condition d’être mortel, je ne suis rien d’autre que survivant ; comment diable existerais-je si ne pensais pas ? À qui appartiendrait ce corps, et à qui appartiendrait cette âme ? Où irais-je si je ne pouvais questionner mon existence ?
En ce sens, l’autre, c’est le multiple comme le singulier; L’autre, c’est aussi bien la nature que la culture. L’autre, extérieur à nous-même, est intérieur de nos tracas.
Il n’existe pas de bonnes actions désintéressées, et s’il en existe, toute action reste alors à bannir.
Le philosophe n’est pas un interminable égocentrique, il n’est pas plaintif ou omnibulé par sa souffrance, il n’est point subjectiviste en ce sens. Il voit chez l’autre ce que, chez lui, il n’a pu voir. Il voit en lui ce qu’il attends chez autrui. Il effectue l’acte de complainte et de question à propos du monde qui l’entoure.
En somme, le subjectivisme est un relativisme : Nul n’est à même de nommer “acte” un geste non-voulu, nul n’est à même de nommer “acte” la passion de soi. Je peux aussi bien être spectateur solitaire de ma vie qu'acteur de mes multitudes.
Ainsi, complainte d’une complaisance, je n’ai plus d’agir ni même d’élancement vers le savoir.
“Souffrir de la solitude est mauvais signe ; je n’ai jamais souffert que de la multitude.”
Ainsi pouvait parler Nietzsche.
Imaginez maintenant un cube, et pensez que de toute évidence, il est nécessaire d’observer avec le soin du détail chaque angle perceptif pour comprendre cet ensemble. C’est pourquoi, le subjectivisme est un relativisme.
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