L'asymétrie du miroir

C’est l’histoire de l’image d’une image d’une image, à l’intérieur même d’une image, elle-même coincée dans une image.
Vous voyez le tableau où vous voulez que je vous fasse un dessin ?
Le dessin lui-même ne suffirait à représenter avec exactitude ce que j’ai saisi ce jour-là.
En voyant l’image de ce garçon incapable d’associer son reflet propre à son image, je fus moi-même saisie d’un tas d’images, dont celle-ci.
Les images ne sont pas plates, elles se construisent avec des mots et ces mots eux-mêmes se complexifient dès lors qu’ils chantent. Des mots qui chantent ou qui se brodent, des mots qui s’intensifient à la lumière des sentiments, des actes qui deviennent vrais dès lors qu’ils sont mimés.
En bref, ce jour-là, j’ai entraperçu une image dans une image.
Ce garçon face au miroir osait à peine se regarder. Il chantait et n’avait tout bonnement pas conscience de comment il chantait, et surtout de comment il apparaissait lorsqu’il chantait. Face au miroir, il entrevoyait l’image d’une image : L’image qu’il s’était construit face à ce qu’il était et l’image qu’il construisait par ses mots enchantés. Lorsque nous nous regardions droit dans les yeux, ses lèvres suivaient les miennes au rythme de cette envoûtante mélodie - mais nos visages, l’image que nous avions de nous-même, ne pouvais qu’apparaître par le regard, rien d’autre que le regard. Mais cette image bien particulière, de ce garçon bien particulier que je regardais en train de se regarder m’a fascinée. En le voyant si peu à l’aise face au miroir, je voyais quelque chose d’au-delà, quelque chose de l’ordre d’un sentiment de déjà-vu. Ce sentiment de déjà-vu était celui de l’inconnu en moi-même, un inconnu déjà côtoyé mais peu assumé. Ce garçon-là m’a renvoyé à ce que je ne pouvais voir, et peut-être que dans le fond, c’était lui, mon miroir.
Il m’est bien évidemment impossible de savoir ce qu’il en est du sien - de miroir -, je ne pourrais jamais savoir quel genre de miroir je suis à son égard.
Oui, c’est vrai qu’en voyant l’image de ce garçon incapable d’associer son reflet propre à son image, je fus moi-même saisie d’un tas d'images, mais surtout d’un tas de pensées, dont celles-ci.



Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

"Quiproquos"

(trans)Maître des mots

Persévérance