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L'écrivain du dictionnaire

Présentateur : “ Bienvenue à cette très franche émission littéraire qui concernera aujourd’hui les mots. Vous restez cois ? C’est normal ! S’agissant d’un domaine aussi large et précis à la fois, beaucoup le reste. Mais notre invité surprise, lui, a décidé d’y faire face. Je vous présente, le premier homme à avoir inventé et écrit le dictionnaire. Bienvenu monsieur Jean-Pierre Mémaux. " J.P Mémaux : “Bonjour. Je vais aujourd’hui vous parler de mon histoire.” Présentateur : Attendez ! Nos auditeurs attendent plus de… J.P Mémaux : “Tout a commencé un fameux matin de janvier… Il faisait froid, mais ce silence régnait bien plus fort encore dans le clan familial. Je suis issu d’une fratrie très nombreuse, nous étions 7, donc peu de temps pour s’occuper des enfants. Mon père passait un temps fou près de la cheminée à faire des mots croisés, à défaut d’en faire usage. Ma mère quant à elle, préférait s’occuper d’informations, que ce soit à la télévision ou dans les journaux,...

SUICIDE

 J’ai essayé pas mal d’options pour m’en sortir, j’vous assure… La belle voie de la convention thérapeutique, celle de mon psy’, qui me disait qu’il existait en ce bas monde de nouvelles manières de s’en sortir, plus créatives, au-delà des conventions et des normativités qui effacent (en vain) nos singularités… “Notre inconfortable singularité”, je crois que c’est l’une des rares chose singulière que j’ai retenu de ses textes.  Ce mot si tabou et imprononçable dans notre société me hantait, et je ne pouvais pourtant le prononcer sans être dénoncé. Pourtant, ce terme m’envahissait, me trottait dans la tête. J’étais prêt à sacrifier des nuits entières pour le comprendre, le prononcer, et l’écrire.  Je suis né dans une famille tout à fait réformiste, hors normes, du moins, hors des normes que nous connaissons tous si bien. Mais ce qui a tout changé, c’est que je suis tombé amoureux. Une femme folle, aussi folle que j’étais fou, une femme qui donnait du sens à l’existence alo...

La solitude

Est-il nécessaire de se trahir soi-même pour savoir aimer ? On ne peut aimer l'autre sans soi, voilà ce que j'y répondrais.  Ma sagesse me joue des tours, elle joue à cache-cache : ma sagesse, ainsi que je nomme ma solitude.  Même aux côtés d'un amour, d'un ami, je ne peux trahir mon âme et mon être : au risque de finir seule, une autre solitude. Une solitude fusionnelle, une solitude mortifère, une solitude dans laquelle on croit être deux alors qu'on est si proches qu'on ne peut même pas se regarder... Mais les grands solitaires le savent ça : ils ont appris à penser, dans un coin. Ils ont appris à écouter, à observer, au fond de la classe, derrière une vitre... ils ont appris à voir sans se faire voir. "Le modèle n'est qu'un hasard et un prétexte. Ce n'est pas lui qui se trouve révélé par le peintre ; c'est le peintre qui se révèle lui-même sur la toile qu'il colorie." (O. Wilde, Portrait de Dorian Gray) C'est pareil lorsque ...

Si j'avais un marteau...

  Je cognerais mon père, ma mère, mes frères et mes sœurs... j'y mettrais tout mon cœur... En direction d'une nouvelle liberté. L'amour le travail, le travail, et l'amour. Et la drogue... et la drague. Ce sont des dépendances, c'est le seul point commun que je trouve. Je n'ai aucune idée de stabilité ou d'idée fixe qui pourrait me conforter dans un désir stable. Cohérent. Égocentrique, je ne vois que moi - ou du moins, mon ombre. Je n'entends rien, et ne vois rien. Je suis perdue. Rien de guide ni ne structure mes désirs, mais quelque chose pousse mes choix ; et cela peut-être réfléchi comme impensé et spontané. Je pensais vouloir un amour, un grand amour, une vie familiale qui perdure... mature... du moins c'est l'idée que je m'en fais. Puis je réalise que j'aime commencer, sans terminer. Malgré moi: je suis comme fascinée comme des passions florissantes et impossibles, des chaos d'affects entremêlés sans queue ni tête...  Je voudrai...

Déjà-vu

L'un connu, l'autre non. Il me rappelle une douceur adolescente, il me rappelle ces vertiges de jeunesse que je vivais... Quelque chose de lointain: là où les mots n'étaient qu'affects et marasmes incessants, là où là musique sonnait autrement. Loin des contraintes adultes, loin des factures et loin des fractures, loin de ces océans de responsabilités et de vides infinis, de grandeurs terrifiantes et de contraintes rétrécissantes ... perte de re-père, perte de re-paires, je me sens loin de cette enfant qui sommeil pourtant constamment en moi. J'ai rencontré ce garçon : c'est un jeune garçon dans une allure d'homme avec une âme de poète perdu dans le temps, dans un idéalisme qu'il croit sombre. Avec son carnet de notes qu'il emmène partout, il traîne sa cicatrice sur son visage, derrière ses cheveux qui dissimulent un peu ses yeux : et je suis émue. Une émotion et des mots qui me dépassent.  C'est comme si on se connaissait depuis longtemps, si lo...

Idée d'histoire : "le masque"

Le premier message que tu m’as envoyé, c’est celui-ci “Je crois que je viens de croiser la femme de ma vie… va-t-elle me répondre ?” … D’abord, j’ai pensé au mot “femme” et au mot “vie”. Je suis la femme… D’un homme ? Et je t’ai répondu, avec ironie, le sourire aux lèvres. Mais tu t’es trompé : la certitude est synonyme de folie, et la tienne pourtant me séduit — peut-être parce que c’est ma propre démence qui s’exprime à ma place… Un couple se rencontre, se construit, dans des conditions hors du commun. D’emblée, un jeu de rôle et de semblants s’installent entre eux, fondant la plus grande des authenticités. Le problème sera d’arrêter le jeu… On a bâti des sommets, des idéaux, comme des fous mégalomaniaques : mais lorsque le soleil se lève, les idées tombent, et on se retrouve là, à parler de la pluie et du beau-temps, sans oser parler d’orage ou de foudre. “Nous sommes des hors-la-loi. Tu t’appelles Scarlett, et moi John. Nous ne devons révéler notre véritable identité au grand jour ...

PalindromE

Je ne sais plus à qui je m’adresse. J’ai le cœur lourd. J’en suis navrée : peut-être que ma vie est faite pour être constamment créée comme une œuvre d’art continue, un mélodrame ou une comédie romantique. Je ne sais plus si la question de l’authenticité se pose. Les limites entre le texte, la fiction, et le réel des affects sont brouillés. Les choses s’écrivent et se dessinent au fur et à mesure qu’elles se vivent. Cette nuit, j’ai rêvé que le médecin me disait que mon sang manquait d’oxygène. Comme si le flux de mes artères était si intense qu’il m’empêchait de respirer, qu’il m’empêchait d’avoir de l’espace, en somme. J’étouffe. Parfois, c’est comme si ma peau me tiraillait de partout, c’est comme s’il fallait à tout prix que je disparaisse, que je me noie dans un néant, ne serait-ce que quelques instants, comme une douce mort. Peut-être que c'est cela l’orgasme, aussi : une petite mort. Peut-être que la mort, c’est agréable. J’ai l’impression que des mots débordent dans mon esp...

(trans)Maître des mots

 Les choix sont des rêves déguisés en espoir Ton sourire noir déguise le regard du soir Des spectres hermétiques sans soif ni mouroir Tes choix sont des trêves de désespoir Le sourire miroir, des mots s'effacent à hauteur de mon chemin,  Ainsi, dès lors que je me tais, le faux devient vrai, l'armure que je m'étais bâti disparait,  Les choix sont des rêves déguisés en guerriers,  Tandis que la délibération prolifère,  Qu'aucune pensée ne sait mes actes faire taire  Je griffonne ces hermétiques paroles comme danseraient des spectres lunatiques En miroir, douce musique, environne mon esprit, calme et fantastique,  Biscornue et pathétique,  Le rythme hante mon cœur et cette batterie me fait peur, dans la stupeur,  je ne vois plus l'heure, je jongle avec les mots mais ceux-ci sonnent faux,  Pourtant c'était si beau...    Ces choix, ces choix, qui ne sont que des rêves déguisés en parloirs.