Désirs et illusions

Le temps passe et il ne reste plus que quelques photos accrochées au mur. Mes idées ne croisent pas le réel dès lors qu’elles restent dans ma tête : désillusion.
Le temps passe à vive allure et je n’ai plus le temps de manger, de lire, ou de fumer ; désillusion. Le temps s’accroche à ma peau et je n’ai plus le temps de rêver : désillusion. Le temps passe et je reste las, accablée par la lassitude, succombante de vicissitudes, surplombée de solitude : désillusion.

20 ans : l’âge supposé de l’indépendance, fin des vantardises et début de l’action, ancrage dans la vie active. Désillusions.
Vais-je perdre cette lueur d’espoir et de naïveté relative à mon statut d’indépendance matérielle ? Vais-je perdre mes rêves d’enfant et la liberté de mon imaginaire ?
Liberté relative ; je ne vois plus du même œil les transactions humaines. Ma grâce enfantine se perd dans de douces paroles derrières lesquelles se logent sans cesse des sous-entendus ; la naïveté n’a plus de place au sein de la certitude.

J’ai perdu le droit de me plaindre ! Ces racines qui m’attachaient à la terre de ma tribu, je les ai arrachées en marchant trop vite ou trop fort, le vide surplombant me donne des vertiges.

Le temps passe et les sourires sur les photos de famille restent figés, bouche-bée, ils se taisent et me scrutent. La poussière s’accumule pour signifier aux habitants des murs qu’ils appartiennent au passé en se délestant du présent.

“Vas-y ! Va-t'en !” M’a-t-on crié plus jeune. Ces mots pouvaient se faufiler dans un coin de ma conscience, ces mots-là sont si longtemps restés en attente. Je n’ai pas faim et je voudrais dormir.

Aujourd’hui, comme souvent, j’ai décidé de m’emprisonner la tête, d’y rester logée, et de faire le choix du non-choix de l’isolement.

Le temps passe et il ne reste plus que quelques photos accrochées au mur. Je n’ai pas faim et je voudrais dormir.    

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